vendredi 8 janvier 2010

Sur le retour de Lionel Jospin

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Utagawa Kuniyoshi (1797-1861) - Le poète Dainagon voit une apparition - Estampe
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Voici un texte de mon cher camarade "Thyl Ullenspiegel" (c'est moi qui met en gras certaines parties)...

Jospin revient ! On croit rêver. Et moi qui pensait que l’exhibition des fantômes et des toiles d’araignées était une spécialité des vieilles aristocraties ruinées en leurs manoirs embrumés ? Finir bagnard à l’île de Ré quel destin shakespearien quand on s’est cru roi en Danemark ! L’Ego ou les Goths ?
Ah oui c’est ça, le socialisme tendance gothique peut-être ? Comme une partie de nos ados post-jospiniens (à ne pas confondre avec nos cathédrales du même nom)… Emmanuel aujourd’hui est d’humeur « gothique » et ne barguigne pas d’apporter sa petite contribution aux rêves marketing (sûr que ça faire un tabac, n’en déplaise à Mister Evin).
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Ce matin en écoutant les éloges croisés de Seguin et de Jospin à la radio, entendu Jupé et j’ai eu cette intuition qu’au fond Jupé et Jospin se ressemblent beaucoup : l’un et l’autre désignés comme successeurs naturels par de vieux rois oublieux de leurs anciens talents d’hommes d’Etat, l’un et l’autre imbus de leur supériorité et de leur arrogance.
Des talents aussi, mais souvent gâtés par l’habitude de servir les intérêts d’un seul confondue avec l’intérêt général. Et tous deux victimes du même syndrome : échec et mat par la fronde favorisée, dans chacun des camps en présence, par la mise au placard (à défaut de culs de basse fosse) de tout ce que leurs contemporains comportait de vrais talents d’hommes d’Etat. Séguin par exemple, à qui bien évidemment je pensais ce matin, pourquoi Chirac n’en a-t-il pas fait son premier des ministres en 95 ? Et quid de la suite s’il l’avait fait ?
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Alors il y a eu beaucoup de bonnes choses dans le gouvernement Jospin, il n’était pas seul. Je ne les énumérerai pas, j’avais voté pour son programme et c’est bien le moins qu’il nous devait.
Mais tout ce qui n’avait pas été annoncé : la promotion du Che au titre de quasi vice-premier (retour de bâton de maréchal bien prévisible à la présidentielle suivante), mais Noël Forgeard à la tête d’Airbus (on a vu la suite), mais ce bradage à la rapacité financière (ouverture du capital ou cession pure et simple) de tant de secteurs économiques stratégiques (dont certains hérités de 45, et même de beaucoup plus loin, de l’Empire, si l’on songe aux filiales de la Caisse des Dépôts comme CLF-Dexia), etc ?
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Et cette idiotie de ne pas avoir promu Jean-Pierre Balligand au ministère de l’Aménagement du Territoire ou de la Décentralisation ?
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Et cette campagne présidentielle désastreuse tellement narcissique qui convainquit définitivement une bonne part du peuple de gauche que Jospin n’avait pas l’envergure ?
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Ce matin tout me confirmait en l’écoutant qu’il n’avait pas l’envergure : son niveau c’était la tactique, le goût de l’autopromotion et des convictions à géométrie trop variables pour emporter l’adhésion : l’héritage indélébile du vieux fond de roublardise qui a scellé l’alliance entre Mitterrand et les (ex) lambertistes.

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