vendredi 23 avril 2010

Crise de misanthropie

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C’est l’actualité récente qui m’a rappelé ce film, le plus bouleversant et éprouvant que j’aie vu… mais que je ne peux m’empêcher de le revoir, à chaque diffusion.
Le problème, c’est qu’il me déclenche toujours une crise de misanthropie, que je soigne habituellement en écoutant du Mozart à haute dose, pendant quelques jours.
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Ca se passe dans une gare.
« Elephant Man » cache son visage et son corps sous ses vêtements. Dans la foule, il passe presque inaperçu… Mais des gamins malicieux commencent à le harceler : « Hé ! Monsieur ! Pourquoi vous avez une grosse tête ? Pourquoi vous avez une grosse tête ? Pourquoi vous répondez pas ? Monsieur ? »
Dans l’affolement, « Elephant Man » commet une faute, en bousculant accidentellement une fillette. C’est là que tout le monde le remarque et que ça s’emballe : « Attrapez-le ! Attrapez-le ! Attrapez-le ! »
On finit par lui arracher son masque et la curée se termine par le cri déchirant « I am not an elephant ! I am not an animal ! I am a human being ! I am… a man ! » (Je ne suis pas un éléphant ! Je ne suis pas un animal ! Je suis un être humain ! Je suis… un homme !).
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Clic dans le coin (bas-droite) de l'écran (4 flêches) pour visionner en "plein écran"...
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Pour finir, voici une musique de la bande originale. Elle s’harmonise très bien avec le film, puisque c’est le morceau le plus bouleversant que j’ai jamais entendu (avec le silence-qui-tue à 6’25") : l’adagio pour cordes de Samuel Barber (20e siècle).
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Et voilà ! Si je vous ai mis le moral à zéro, changez-vous les idées en prenant l'air avec vos gosses ! Ca sera l'occasion de faire de la gelée de pissenlit, par exemple ?!

5 commentaires:

Ink a dit…

C'est douloureux à voir, toujours aussi dur.

Thierry D. a dit…

Ink, je suis d'accord : j'ai revu cet extrait plusieurs fois et l'effet est toujours aussi fort que "la première fois".
Je suppose que c'est très sain de ne pas arriver à "s'habituer" à l'inacceptable...

Ane-Vert a dit…

Oui mais la misanthropie est un piège narcissique, c'est s'habituer finalement à l'inacceptable, en se réfugiant dans un nid douillet où l'on s'exclut de ce monde où l'homme est un loup pour l'homme, particulièrement quand il est en meute.
Le film qui me fait un peu cet effet, chaque fois que je le revois, c'est "au hasard balthasar" de Robert Bresson dont j'ai parlé récemment sur mon blog (ou plutôt j'ai donné la parole à Godard qui a tellement bien compris ce dont il s'agit, qu'il me laisse sans voix). Sans voix mais pas KO, l'évidence de l'urgence de trouver les voies de ne pas aller hurler avec les loups, tisser les liens des affections vraies, des combats toujours à recommencer : écrire, parler, aimer, dire, écouter la musique du monde : l'abjection des meutes prospère quand les consciences se taisent.

Thierry D. a dit…

Ane-Vert,
Tu es convaincant sur le "piège narcissique" du misanthropisme... D'ailleurs ça rejoint l'interprétation de Bruegel, dans son tableau "le misanthrope" (voir le billet : les nuls du FN).
Contrairement à ce que je pensais dans mon premier commentaire, la misanthropie nous aide à tolérer l’inacceptable.
J’en déduis que c’est mes "cures" de Mozart qui m’aident à garder une capacité de révolte… car la "laideur" du monde est incompréhensible, quand elle est confrontée à ce que l’Homme a fait de plus beau.

Ane-Vert a dit…

Allez, pour te sortir définitivement de la misanthropie, un petit bijou vidéo retrouvé sur la toile. Mon amie Monica Hermosilla, torturée à mort à la villa Grimaldi, au début de l'ère Pinochet, sauvée de justesse grâce aux efforts d'un comité de soutien où les frères Joxe pesèrent d'un bon poids, aux ambassades de France et de Belgique (par chance elle était chileno-belge)... et bien retournée au Chili qu'est-ce qu'elle chante devant la villa Grimaldi ? "La vie en rose"..allez voir la vidéo et aimez Monica...


http://video.google.com/videoplay?docid=4396892406687245727#