lundi 19 novembre 2007

"Papa, c'est quoi, 'solidarité' ?"

Enfant_et_Arbre_valeur_de_la_gauche

Mon fils (bientôt 6 ans) observe au mur, ma grande esquisse d’arbre qui figure "les valeurs de la Gauche". Il déchiffre un des mots, à haute voix : « so…li…da…ri…té (silence). Papa, c’est quoi, solidarité ? ».
Ca m’a surpris et ému. Prononcés par un petit enfant, certains mots galvaudés résonnent à nouveau. Après une explication confuse (j’avais mieux préparé "comment on fait des bébés ?"), il veut en savoir plus : « Ju…ssss…ti…ce. Papa, c’est quoi, justice ? ».
Une sacrée claque… Mon gamin, « qui parle très bien pour son âge », ne connaît pas les mots solidarité, justice, fraternité, tolérance, … même s’il lui arrive de les pratiquer au quotidien.

Par contre, il est capable d’imaginer que s’il oublie sa ceinture de sécurité, les gendarmes le mettront en prison. Pour le rassurer (et pour simplifier), je lui fais croire qu’en France, on n’enferme pas les enfants
Il est aussi capable de me dire, en pleine campagne présidentielle : « Papa, il faut demander à ton patron de travailler plus, pour gagner plus d’argent et m’offrir plein de cadeaux ». Estomaqué, je me dis d'abord que le programme de Sarkozy est accessible à des enfants d'école maternelle. Puis je lui réponds que si je le pouvais, je préfèrerais travailler moins pour être plus souvent avec lui.

Mon fils est comme les autres enfants de son âge : les principes "de Droite" lui apparaissent comme des évidences. Et pour cause… Avec un pragmatisme qui rappelle celui des "Lois de la Nature", nous élevons traditionnellement nos jeunes enfants selon des valeurs anti-humanistes.
J'enfonce les portes ouvertes, avec quelques exemples :
- La famille n’est pas une démocratie : l’avis des enfants n’est que consultatif, puisque les parents tout-puissants décident pour tous… et pour longtemps ! Quelle liberté, quelle égalité pour nos enfants ?
- Une "bêtise" entraîne une punition, souvent arbitraire : à rapprocher de la loi du talion (œil pour œil…) et des politiques "sécuritaires". Quelle justice pour nos enfants ?

Heureusement, l’amour réciproque vient tempérer tout ça, en attendant une désagréable (?) surprise… quand notre gamin(e) nous crie, pour la première fois : « c’est pas juste ! » ou « j'ai le droit ! ». La preuve qu’à un certain moment, nos enfants sont demandeurs de valeurs de Gauche.
Alors ne les décevons pas… Il est peut-être temps de leur expliquer tous ces mots abstraits et de les mettre en pratique, avec eux, au sein de la cellule familiale. Pour qu’ils ne finissent pas sarkozystes, par exemple…

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