mercredi 6 janvier 2010

Croissance verte contre croissance sélective

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Entre Gauche et Droite, le clivage idéologique s'est longtemps porté sur le terrain économique et social. Depuis, la "Droite réformiste" s'est alignée sur la "Gauche social-démocrate" (et inversement !), ce qui a mis à mal l'intérêt d'une alternance.
Heureusement, un nouveau clivage se dessine, qui fait "bouger les lignes" et "rebat les cartes" : c'est la conception de l'écologie, qui se cristallise autour de la définition de la croissance.
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Depuis 2007, avec la signature du pacte de Nicolas Hulot et le Grenelle de l’environnement, même la Droite et le Centre se sont emparés du discours écologiste.
Certains, de Gauche comme de Droite, veulent d’une écologie qu'ils appellent «croissance verte». Cette idéologie du progrès fait le pari de la fuite en avant : les avancées technologiques apporteront les solutions de remplacement à la crise énergétique (raréfaction et danger des énergies fossiles).
On pense notamment à l'énergie nucléaire, qualifiée de "propre" et d'"énergie de l'avenir" par Nicolas Sarkozy.
Réconcilier croissance et écologie est un positionnement assez confortable, car il est optimiste et il permet de ne pas trop bouleverser nos modes de vie consuméristes. Voilà une écologie productiviste qui rassurera l'électorat conservateur...
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De l’autre côté, les partis écologistes (Verts, Europe écologie) ont un autre discours sur la croissance. Contrairement à la caricature qui dénonce leur penchant pour la décroissance (théorie très minoritaire d’économistes comme Paul Ariès ou Serge Latouche), la plupart des écologistes français parlent plus volontiers de «croissance sélective».
Il s'agit de faire décroitre la production, le transport et l’utilisation des énergies fossiles, en favorisant la croissance d’autres productions (agricultures locales, produits innovants, etc). Les écologistes misent donc sur la réduction des flux de marchandises et de matières premières, pour entrainer d’autres logiques de production et de consommation.
Cette écologie non productiviste remet en cause profondément l’organisation de notre société et nos modes de vie. Ca peut être enthousiasmant ou anxiogène, selon le talent de ses promoteurs.
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Entre les deux, le Parti Socialiste n'a pas tranché, bien qu'il penche plutôt du même côté que la Droite, c'est à dire du côté de l'écologie productiviste. Mais c'est un autre sujet...
D'après l'éditorialiste Thomas Legrand et mon ami Eric "Duflot".
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Illustration (cliquer dessus pour l'agrandir) :
Pierre BRUEGEL l'ancien - Paysage avec la chute d'Icare (v. 1555) - Bruxelles
Icare s'approcha trop près du soleil, avec ses ailes de plumes collées à la cire. La cire fondit et Icare fut précipité dans la mer. Le mythe d'Icare évoque le désir d'aller toujours plus loin, au risque de se retrouver face à sa condition de simple être humain.
Bruegel montre ce vaniteux, qui s'est cru l'égal des Dieux, comme une pauvre petite chose, perdue dans la Nature : on ne voit que ses jambes qui s'agitent hors de l'eau. Le paysan, le pâtre et le pêcheur illustrent la conception des stoïciens : accomplir sereinement sa tâche, sans se rebeller contre les lois de l'univers.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Heureusement, les réflexions sur la décroissance avancent aussi. Voir par exemple le dossier qu'avait mis en ligne la revue Mouvement : http://yannickrumpala.wordpress.com/2009/06/23/dossier-decroissance/

Thierry D. a dit…

Merci pour ce lien ! Le thème de la (dé)croissance devrait faire l'objet d'autres billets...