vendredi 28 mai 2010

Cheminots pas solidaires, cheminots pas bien malins

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Affiche "Avec et pour les travailleurs, les cheminots sont en grève. Soutenons-les !" (1968)
A l'époque, c'était les cheminots qui avaient besoin de notre solidarité...

Sur la journée de mobilisation d’hier (retraites), j’avais prévu d’avoir une rancune contre les cheminots (!), et ça n’a pas loupé. Par flemme je recopie l’explication de Jean-Michel Aphatie (avec les fautes d'orthographe corrigées) :

« Ou étaient donc passés les cheminots ? Le trafic SNCF était normal hier. Incroyable. D’habitude, sur les retraites, ça démarre illico dans le rail. Là, rien. Est-ce parce que gouvernement a habilement fait savoir que pour l’instant rien ne changerait dans les régimes spéciaux ? Si l’explication est bonne, faut-il en déduire que les cheminots n’éprouvent aucun sentiment de solidarité envers les autres salariés de la fonction publique et du secteur public ? Débrouillez-vous ? Pas notre problème ? Tout de même, ce serait un paradoxe que de plaider à tout bout de champ pour le maintien de la retraite par répartition, expression de la solidarité, et de constater à l’intérieur même de ce débat un désintéressement pour ce qui arrive aux autres. »

Ce qui me met le plus en colère n’est pas l’absence de solidarité, mais l’absence de jugeotte et de mémoire…

En 1993, le gouvernement Balladur augmentait la durée de cotisation pour le régime général (40 ans au lieu de 37,5 ans), dans l'indifférence des fonctionnaires et avec la résignation des salariés du privé.
Puis en 2003 la "loi Fillon" alignait le "public" sur le "privé", avec l'approbation des salariés du privé (revanchards) et avec la résignation des fonctionnaires.
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Je crois qu’en désamorçant la « grogne » des cheminots, le gouvernement s’est offert une victoire politique.
Amis et camarades cheminots, vous ne perdez rien pour attendre : dans pas longtemps, au nom de l’Egalité, vous serez mangés à la même sauce que les autres. Vous pourrez alors faire grève, ça sera inutile : vous aurez l’ensemble des français contre vous.
Je me trompe peut-être… Dans ce cas, s'il y a une stratégie complexe qui m’a échappée, je demande qu’on m’explique.

A lire aussi…
- Sur l’absence de solidarité, la fable de La Fontaine : «
Le cheval et l’âne »
- Sur l’attaque de Mitterrand par Sarkozy, un article très, très drôle de Captain Haka
- La
proposition de réforme des retraites de la Fondation Terra Nova

2 commentaires:

Ane-Vert a dit…

Tu exagères un peu sur les cheminots, il y avait quand même, hors les TGV, un bon tiers de trains en moins soit un niveau un peu supérieur au service minimum habituel, et ils étaient nombreux dans les manifs à Paris.
D'ailleurs sans transports en commun il y aurait beaucoup moins de monde aux manifs dans les grandes agglos.
Quant au saucissonnage des corporatismes que pratique le gouvernement c'est bien évident que ça sent la manoeuvre.
La difficulté de ce dossier c'est de construire un modèle fondé sur la solidarité car actuellement chacun de part sa situation se sent pris dans l'étau à des degrés bien divers.
Ceux qui ont des avantages acquis (de moins en moins nombreux) et qui sont proches de la retraite défendent ces avantage, les déjà retraités craignent une régression de leur retraite, les plus jeunes se disent que de toute façon "ils n'auront pas de retraite", les précaires (de plus en plus nombreux) se disent qu'ils sont voués au minimum vieillesse et moins si affinités. Seul un projet affirmant haut et clair le contenu des solidarités à enrichir peut fédérer.

Thierry D. a dit…

Ane-Vert,
je m'en suis naïvement tenu aux informations de la radio, qui indiquaient que les transports en commun fonctionnaient normalement.
Oui, j'ai exagéré un petit peu en évoquant les cheminots sans les précautions d'usage (avec des expressions telles que "certains", "la plupart des", "il parait que").
Pour le reste, je suis également d'accord avec toi, bien sûr.