dimanche 23 mai 2010

La reconquête du mois de juin

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D. SHMARINOV - Gloire aux libérateurs de l'Ukraine
Affiche de 1943, célébrant la reconquête de l'Ukraine.
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C.C, qui est une enseignante avisée, dénonce l’ineptie de la « reconquête du mois de juin », chère à notre ex-ministre Xavier Darcos.

Pour une fois, je vais faire l'avocat du diable et proposer quelques solutions pour que cette « reconquête » ne se passe pas trop mal...

- Si on continue à lâcher les élèves en fin mai, alors ils auront 3 mois de vacances... Et après on se plaindra que le 3e trimestre aura été trop court et qu’on n'aura pas réussi à boucler les programmes !
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- Si on faisait les conseils de classe en fin juin, plutôt qu’en fin mai, les élèves seraient un peu plus motivés à travailler un mois de plus.
La « reconquête du mois de juin » passe aussi par une ré-organisation administrative !
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- D’ailleurs, si l’Administration de l’établissement faisait l’effort de mettre en place de nouveaux emplois du temps aménagés, qui tiendraient compte des absences des professeurs (convocations), alors la Vie Scolaire n'aurait pas à gérer des élèves qui zonent dans les couloirs, à longueur de journée. Je précise que c’est possible, pour l’avoir vécu l’année dernière.
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- Si, dans le pire des cas, on poursuivait les évaluations au mois de juin, même après les conseils de classe, ça ferait des notes pour le premier trimestre de l’année prochaine (à négocier avec leur prochain professeur, qui sera ravi d’accepter un tel cadeau : une évaluation déjà corrigée !).
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L’année dernière et pour la première fois, j’ai joué le jeu de la « reconquête du mois de juin ». J’ai fait bosser et évalué mes élèves jusqu’au 2 juillet.
Je me souviens encore des regards ahuris des surveillants qui entraient dans ma classe. Et pour cause… Comme me disaient mes élèves, tout au long du mois de juin : «Monsieur, y’a plus que vous qui nous faites travailler ! Avec les autres profs, on discute, on regarde des films ou on va en salle informatique !» ("information" à prendre avec des pincettes, mais quand même... !).
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Je peux comprendre que les collègues (enseignants, Vie scolaire ou Direction) fassent "de la résistance" : en ce qui me concerne, j’avais fini le 2 juillet sur les rotules. Mais ne pas trouver le moyen de faire autre chose que de la "garderie", c’est le risque de perdre une partie de sa crédibilité.
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Cette année, dans mon lycée, plusieurs classes partent en stage au mois de juin. Et étrangement, plusieurs autres classes sont autorisées par ma Direction à quitter le lycée jusqu’en septembre.
Ca tombe bien : j’ai bouclé mon programme et de toute façon, que les élèves partent deux mois ou trois mois, ils reviendront amnésiques en septembre prochain !
Allez, bye bye la reconquête !

4 commentaires:

Cycee a dit…

Bonsoir ! Merci pour cette réponse ! Faire autre chose que de la garderie, c'est mon rêve : je déteste les goûters, les vidéos maintes fois commencées et jamais terminées, les sorties (vélos, pique-nique et tutti quanti...) je hais tout ça : je ne suis pas animatrice du tout, je suis enseignante...

A mon avis, il faut que tout le monde décide, dans un collège, de faire cours jusqu'à la fin pour que ça marche. Toute seule, je ne tiendrai pas, je le crains...Surtout sans être soutenue par l'administration...

Bon courage, collègue !

:p

Thierry D. a dit…

D'accord avec toi ! Il faudrait que l'ensemble des enseignants et (surtout) l'administration, travaillent en cohérence.

Si l'administration laisse la situation pourrir et qu'en plus, plusieurs collègues tirent au flanc, alors c'est casse-gueule de faire du zèle : on a toujours tort contre le monde entier !

Bon courage à toi, surtout (moi, ça va aller !)
;)

Axel a dit…

D'accord pour éviter à tout prix la garderie, mais
- si les conseils ont lieu fin mai c'est parce que les dossiers d'orientation doivent être complétés en juin
- conserver les notes de fin d'année pour l'année suivante revient à considérer que les élèves n'auront pas évolué entre temps (et même si c'est le cas pour certains, ils ont quand même droit au bénéfice du doute !)
- même quand une équipe se met d'accord pour continuer les cours le plus loin possible ce sont les élèves qui cessent de travailler... bien avant le dernier conseil en général !

Quant à boucler le programme... avec le socle commun, ce ne devrait plus être un problème pour personne...

Thierry D. a dit…

Axel,

- D'accord sur les dossiers d'orientations : j'avais d'ailleurs écrit qu'il fallait une "ré-organisation administrative". Y'a plus qu'à retarder le traitement de ces fichus dossiers...

- Sur la conservation des notes, je ne suis pas d'accord avec toi : c'est comme si tu ne voulais pas compter les notes d'Octobre (au 1er conseil de classe de Décembre), sous prétexte que les élèves évoluent au cours du trimestre !).

- Sur les élèves qui abandonnent à l'approche du printemps, je suis à moitié d'accord. D'abord parce que c'est plus vrai au bord de la mer que dans les Ardennes. Ensuite parce qu'il y a d'autres "coups de mou" dans l'année (juste avant Noël par exemple). Si on devait libérer les élèves à chaque "coup de mou", je crois qu'il faudrait supprimer les vacances pour compenser !

- Boucler le programme, c'est facile ou problématique selon les classes (je crois que c'est plus difficile de boucler un Bac S qu'un CAP, même avec des profils d'élèves différents).